Sous la surface de l’océan bouillonnait une extraordinaire vitalité nourrie de prédations brutales, d’associations opportunistes et de coopérations durables. Lorsqu’un épais voile bleu nuit recouvrit complètement l’enchevêtrement de faune sauvage et de flore foisonnante de la jungle sous-marine du Pacifique, Héliosphéra et Xanthelle étaient arrivées au terme de leur étreinte. Les amantes unicellulaires mélangées sous une même enveloppe organique s’employaient désormais à goûter aux délices de leur union, sans autre but que celui d’œuvrer à la solidifier, à se régénérer et à se satisfaire mutuellement le plus longtemps possible. Apaisées, elles allaient s’appuyer sur les spécificités de chacune pour renforcer leur osmose, s’alimenter en cercle fermé, recycler conjointement leurs déchets, puis inventer une stratégie de survie en consolidant leur cercle vertueux d’entraide et de solidarité savoureuse. Leur alliance sous le sceau de la mise en commun de leurs aptitudes respectives consacrait l’essence du mécanisme moteur de l’évolution, un élan impossible à restreindre à la rudesse de la sélection naturelle. Portées par cette dynamique bénéfique à tous, Héliosphéra et Xanthelle contribuaient à perpétuer la source de l’énergie à l’origine de la transformation des formes de vie vers des entités nouvelles, toujours plus complexes et mieux adaptées : la coopération pacifique.