La vie, c’est le petit grain de folie de l’univers.
Pourtant, si les partisans d’un productivisme débridé ne changent pas radicalement leur rapport au monde, c’est la planète tout entière qui deviendra bientôt invivable, pour l’ensemble des humains et bon nombre d’autres espèces.
Refusons le monopole de ce récit dominateur et toxique. Faisons éclore un écosystème d’histoires, une infinité de sens et de manières d’être au monde. Nous étouffons derrière les hauts murs d’un savoir fragmenté. Il est vital de décloisonner les disciplines, de les faire dialoguer et résonner les unes avec les autres pour qu’elles s’entre-fécondent et renouvellent radicalement nos relations aux vivants. Artistes et scientifiques sont des chercheurs qui partagent la même fascination pour le monde, le même désir de l’explorer, la même volonté de le raconter et de le partager. Il est impératif que le savoir des uns soit traduit par les autres en connaissance sensible et esthétique, rendant ainsi l’univers plus intéressant, plus intelligible et surtout plus convivial.
Artistes et scientifiques réenchantent le monde chaque jour un peu plus. C’est pourquoi “Mondes sauvages” souhaite élargir les horizons en invitant des auteurs et autrices venant de tous les champs de recherche, de réflexion et d’expression à s’emparer de ces questions cruciales pour l’avenir de l’humanité : historiens des arts et des techniques, romanciers, poètes, artistes plasticiens, anthropologues, paysans, toutes les énergies et toutes les idées sont les bienvenues afin de trouver rapidement de nouvelles manières d’être affectés par nos colocataires, cette masse innombrable et grouillante de vivants avec lesquels nous cohabitons, afin que nous nous en souciions vraiment.
C’est dans cet esprit que Wilfried N’Sondé a pu embarquer, pendant le confinement du printemps 2021, à bord de la goélette Tara. Le romancier, dont le travail est de donner une voix à l’invisible, n’est pas revenu indemne d’une telle expédition au large des côtes chiliennes.
“Mondes sauvages”, tente une nouvelle expérience ; nous faisons le pari que son roman Héliosphéra, fille des abysses surprendra et bousculera ses lecteurs, et dessillera leurs yeux. Le phytoplancton produit la moitié de l’oxygène qui nous est vital. Vous ne le verrez plus jamais de la même manière.
La science ouvre des horizons inconnus que l’art s’empresse de sillonner.
L’exploration ne fait que commencer.
La terre est vaste et notre émerveillement sans fin…
STÉPHANE DURAND